2017年10月17日火曜日

La Fabrique des images – Berlin, le 2 mai 1945



La Fabrique des images – Berlin, le 2 mai 1945
Cette photo a été prise par le photographe de l’agence Tass, Evgueni Khaldeï, lors de la prise de Berlin, la prise du Reichstag. Il s’agit de faire l’image qui va faire l’histoire. Khaldeï s’y est préparé. Il a amené avec lui des drapeaux rouges taillés dans une nappe par un tailleur. Ce qu’il faut, c’est donner le contexte. Donc, ils vont monter très haut ; le soldat ne voulait pas monter parce qu’il avait peur de tomber. Mais c’était la seule manière pour lui d’avoir une contre-plongée où on voyait parfaitement les véhicules en bas, les immeubles en ruine. Là il a trouvé exactement l’angle. Ça a presque l’air d’un tableau classique. Le point d’orgue du Reichstag méritait une photo symbole absolument parfaite, magnifiquement composée comme un tableau de La Tour ou de Philippe de Champaigne.
Il y a évidemment l’anecdote connue des deux montres, c’est-à-dire le soldat qui maintient, celui qui tient le drapeau porte deux montres. Ça, alors, pour le rédacteur en chef de l’Agence Tass, c’est une honte, ça veut dire que ce soldat est un pillard, qu’il a volé une montre sur un cadavre et donc pour lui c’est indigne et c’est impossible de publier une photo comme ça. Donc il va demander à Khaldeï de gratter sur le négatif cette deuxième montre et la photo qui paraît, le soldat a une seule montre.
Khaldeï a une référence dans la tête. C’est la photo de l’Américain Joe Rosenthal qui, quelques semaines auparavant, réalise une photo dans l’île d’Iwojima où des soldats américains plantent un drapeau américain. C’est une photo extrèmement connue qui est la photo symbole de la victoire des Etats-Unis sur les Japonais. Et donc il veut faire la même photo. Il veut faire cette photo symbole.
Il ne va pas la réussir du premier coup. Il va faire plusieurs essais, à plusieurs endroits. Il commence à l’aéroport de Tempelhof, symbole de l’Allemagne nazie. Cette photo est moins bien composée. Elle est un peu vide. Elle n’a pas la profondeur de champ avec la ville en ruine et donc c’est peut-être pour ça qu’elle n’est pas choisie. Et ils font un deuxième essai sur la Porte de Brandebourg. Elle paraît beaucoup moins forte. D’abord les deux soldats ont l’air vraiment de poser et puis il n’y a pas de profondeur de champ. Manifestement cette photo ne convient pas.
Alors, ce qui est intéressant, c’est qu’il y a d’autres photographes soviétiques qui sont sur place et il y en a une qui s’appelle Ivan Chaguine qui va aussi faire la tentative pour sortir la photo symbole. Donc, lui aussi sur le toit du Reichstag avec des soldats qui brandissent des pistolets, des mitraillettes et un drapeau qui flotte dans le vent. Evidemment elle n’a pas la force de Khaldeï parce qu’il n’y a pas en fond la ville. Les soldats ont l’air de poser de manière un peu gênante ; les pistolets d’un point de vue du symbole, même si c’est très fort militairement, ça donne probablement un effet un peu négatif. Cette photo n’a pas eu le même destin que celle de Khaldeï.

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